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jeudi 31 mars 2011

Origines religieuses des contradictions existant entre l'Occident et le monde musulman

pécialiste de l'histoire de la civilisation islamique classique (1), l'historien tunisien Mohamed Talbi vient de publier un ouvrage portant sur les
origines religieuses des contradictions existant entre l'Occident et le monde musulman. Publié en Tunisie, peu de lecteurs vivant en France auront sans doute l'occasion de pouvoir lire cet ouvrage difficilement trouvable dans les librairies de l'hexagone. Pour cette raison, nous avons décidé d'en faire un compte-rendu détaillé qui permettra aux lecteurs français de se faire une idée sur cet ouvrage en attendant qu'il soit distribué en France. En raison de son contenu, nous doutons fort que cela arrive avant longtemps.

En effet, dans son ouvrage, Mohamed Talbi ne respecte pas la « règle » implicitement instituée du « dialogue » voulant, qu'en France, un Arabe ou un musulman ne prenne la parole ou la plume publiquement que pour s'excuser et se renier. L'ouvrage de Mohamed Talbi étant aux antipodes de cette posture, il y a fort à parier que la conjuration du silence l'entoure malgré la notoriété de son auteur

Dans son étude, Mohamed Talbi recherche les origines religieuses de la violence exercée par l'Occident contre le monde musulman en remontant aux textes bibliques et à l'histoire longue du judaïsme et du christianisme. Mais plus qu'un livre d'histoire religieuse, l'ouvrage de Mohamed Talbi est avant tout une œuvre de combat écrite dans un monde en guerre. « Cet ouvrage, écrit-il, s'inscrit donc dans une longue tradition de constante confrontation, qui avait souvent dégénéré en affrontements armés » (2). La confrontation, Mohamed Talbi entend la mener sans concession contre « ceux qui envahissent nos terres, tuent nos femmes et nos enfants, nous méprisent, nous haïssent et nous avilissent » (3).

L'affrontement repose sur l'aversion que l'Occident a développée envers l'islam depuis sa naissance au VIIème siècle. Hormis quelques exceptions, écrit Mohamed Talbi, « tout ce qu'écrit le Judéo-Christiano-Orientalisme, auquel il faut ajouter aujourd'hui le Désislamisme, coule nécessairement de la même source : la haine pour l'imposteur et abominable Mahomet, et pour son abject Alcoran, livre de violence et de malfaisance ». Cette thèse n'étant en rien scientifique, elle s'explique par « la haine pour l'abominable Mahomet, sur lequel la pseudo science de nos contradicteurs a jeté toutes les ordures de la terre » (4). De plus, l'hostilité occidentale envers l'islam est renforcée par le fait que la religion du Prophète est la seule force morale qui a permis aux peuples de la rive sud de la Méditerranée, de s'opposer victorieusement à l'Occident depuis environ 2500 ans. Les considérations théologiques et la résistance politique et militaire construite à partir de l'islam expliquent l'hostilité de l'Occident envers la religion musulmane (5).

En raison de l'aversion qui anime l'Occident, Mohamed Talbi ne cherche pas à le convaincre mais à « avertir notre Umma pour qu'elle comprenne l'histoire, dont l'actualité n'est que le prolongement, et pour qu'elle réagisse en conséquence » (6). L'historien appelle à cette réaction car « on ne respecte que ceux qui se font respecter. Nos peuples ne se feront respecter que par leur jihâd, leur effort de libération des puissances du Mal » (7). Dans cette perspective, Mohamed Talbi rappelle l'histoire et confronte les grands textes religieux – la Bible et le Coran – en appliquant les méthodologies propres à sa discipline de formation et en refusant les interprétations orientalistes.

S'il s'adresse à un public spécifique, Mohamed Talbi assume sa subjectivité en se présentant comme un homme parlant depuis un espace déterminé : le Maghreb qui a été victime de la colonisation française agissant au nom des valeurs civilisatrices de l'Occident. Cependant, l'historien affirme qu'aujourd'hui, c'est Gaza qui est « en première ligne » (8) pour affronter l'Occident en mission civilisatrice. En raison de cela, il a intitulé son ouvrage Gaza bien qu'il ne porte pas spécifiquement sur ce territoire de Palestine.

Selon Mohamed Talbi, cette mission civilisatrice n'est que la continuité de la mission sacrée proclamée par le Saint-Esprit au Concile de 680, qui visait à éradiquer l'islam, dont le Prophète fut considéré comme l'Anti et l'Antéchrist. Le Prophète Mohammed était décrit comme un apôtre de la violence. Malgré le temps, ce Concile n'est pas caduc car aucun concile ne peut contredire un autre concile. Tout concile dit la Vérité Absolue sous la garantie du Saint-Esprit.

Il est donc vain d'attendre que le christianisme change d'attitude envers l'islam. Récemment encore, une fervente chrétienne, « spécialiste » de l'islam, a publié un réquisitoire contre le Prophète, dont toute l'action ne serait que violence et haine, directement inspiré du Concile de 680 dans la revue catholique La Nef (9). L'Occident n'abandonnera pas sa mission de lutte contre l'islam car elle est profondément enracinée dans son anthropologie culturelle qui puise directement sa source dans la Bible, « Ancien » et « Nouveau » Testament. Ainsi, « toutes les guerres de l'Occident judéo-chrétien contre l'Islam, si elles sont politiques, sont toutes à infrastructure religieuse sous-jacente, structurante et motivante » (10).

Après les indépendances politiques des pays musulmans colonisés, le christianisme a reformulé sa politique dans le sens du « dialogue », notamment l'Église catholique après le Concile de Vatican II en 1964. Cela n'est qu'un leurre pour Mohamed Talbi : « ses missionnaires ne firent que changer leurs fusils d'épaule » (11). Le dialogue n'était qu'une « nouvelle tactique » car « les Églises n'avaient pas changé de stratégie et de but. Elles avaient seulement changé de tactique. Le but est le même : l'Islam est un Mal en Soi ; il doit disparaître […]. Son livre, Alcoran, est un Appel à la Violence perpétuelle et au terrorisme » (12

Ce fond anthropologique qui détermine la politique occidentale, fait que le monde musulman ne doit rien attendre d'un dirigeant occidental se présentant comme un homme de « dialogue » à l'instar de Barak Obama. Bien plus, il doit rester sur ses gardes car « l'américain se croit missionné pour lutter contre le Mal. Il a une mentalité de croisé fortement imprégné de culture biblique » (13). Cette culture biblique qui qualifie Ismaël, l'ancêtre des Arabes, « d'âme sauvage » contre qui « la main de tous » (14) est dirigée, est à la base de l'aversion des Etats-Unis pour le monde arabo-islamique qui incarne le Mal de par son origine même. Elle est aussi au fondement du génocide des Amérindiens et de la réduction en esclavage des Africains et de leurs descendants. Pour Mohamed Talbi, « la culture belliqueuse et inhumaine de l'Amérique est dans son histoire et sa religion

Saif Kataa

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